A moins de deux semaines de l’élection présidentielle, l’hôpital est au cœur de nombre de discours de campagne. Tandis que les cas Covid repartent une nouvelle fois à la hausse….
« Présidentielle 2022 : douze candidats au chevet de l’hôpital et des soignants ». Comme le souligne Le Monde, le 27 mars, après plus de deux ans de crise sanitaire, « la santé revient en force dans les programmes électoraux ». « Former plus, embaucher plus, payer plus, ouvrir plus de lits… Les promesses pleuvent en direction des soignants. Dans le domaine de la santé, la crise sanitaire a eu ceci de notable qu’elle a remis au cœur des programmes l’hôpital, essoré par deux années de pandémie mais surtout par plus d’une décennie de régime sec budgétaire. Désormais, l’unanimité semble de mise dans les rangs des candidats à l’élection présidentielle : il faut plus de médecins, d’infirmiers, d’aides-soignants… Chez Valérie Pécresse (LR), on envisage 25 000 postes de soignants de plus à l’hôpital et un doublement du nombre de médecins formés. C’est un « plan de recrutement massif » que défend Anne Hidalgo (PS), des augmentations de salaires ou encore un « moratoire sur les fermetures de lits », chez Jean-Luc Mélenchon (La France insoumise), comme pour la candidate d’extrême droite, Marine Le Pen (RN) », relève le quotidien du soir.
De fait, les attentes sont fortes. Une tribune collective publiée dans Le Monde le 20 mars appelle à « un véritable plan Marshall pour l’hôpital ». « Afin de sauver l’hôpital public et de rétablir la confiance du personnel hospitalier, des spécialistes de la santé et des universitaires appellent les pouvoirs publics, à agir selon cinq priorités, à commencer par un moratoire sur les fermetures de lits et la création de 50 000 postes de soignants ». Nous pouvons y lire : « Quel constat en 2022 ? Une gestion des activités et des ressources à flux tendus au prix d’une dégradation des conditions de travail ; une logique de regroupement des moyens et de polyvalence dictée par des impératifs de rentabilité au détriment du collectif de soins ; des rémunérations des soignants et des médecins peu attractives ; une diminution considérable de la capacité en lits en trente ans (soit cent mille lits), dont on perçoit aujourd’hui les conséquences en termes d’accès aux soins des populations éloignées des grands centres urbains ou défavorisées. »
Le 28 mars, Charlie Hebdo se fait également écho des attentes des professionnels de santé : « Hôpital : la minute de silence et de désespoir des soignants ». « Chaque vendredi, dans une cinquantaine de villes en France, les soignants font une minute de silence pour alerter sur ce désastre. Charlie s’est rendu à celle de la Pitié-Salpêtrière. En blouse blanche, ils sont une cinquantaine à converger, résignés, dans le parc de cet immense hôpital du 13e arrondissement de Paris pour dire leur ras-le-bol ».
Depuis un mois, la guerre s’est aussi invitée au cœur de l’Europe. Le 21 mars, le quotidien Sud-Ouest, 21 mars nous emmène dans un hôpital pédiatrique de Kiev. « Dans le plus grand hôpital pédiatrique d’Ukraine, les soignants sont en première ligne face aux atrocités de la guerre : « C’est difficile psychologiquement et moralement, car il s’agit d’enfants », rapportent-ils. »
Covid, des chiffres en hausse
"Le gouvernement justifie la levée du masque obligatoire par le fait que la situation ne se dégrade pas fortement dans les services hospitaliers, malgré le rebond de l’épidémie. Ce que confirment les médecins interrogés, du moins pour l’instant", souligne Le Parisien, le 29 mars. La tonalité est un peu différente dans Le Progrès qui titre le 29 mars « Plus de 217 000 nouveaux cas, les admissions à l'hôpital toujours en hausse ». « Selon les derniers chiffres de Santé publique France, les laboratoires ont enregistré 217 480 cas de contaminations au Covid-19 au cours des 24 dernières heures. La moyenne glissante sur sept jours, plus significative, s'élève à 133 484 cas, contre 128 241 la veille et 98 928 le mardi précédent. »
A retenir également dans l’actualité, la cyberattaque visant un hôpital corse. Comme le relate Le Parisien le 29 mars « La « suspension des activités de radiothérapie et d’oncologie » a dû être décidée à l’hôpital de Castelluccio à Ajaccio (Corse-du-Sud), après que l’établissement a été victime d’une « cyberattaque de type ransomware » . Selon l’agence régionale de la santé (ARS) de Corse, cette attaque informatique « paralyse l’ensemble des systèmes d’information ». « Pour garantir la qualité et la sécurité des prises en charge, l’établissement a été contraint de suspendre les activités de radiothérapie et d’oncologie pour lesquelles les systèmes d’information ont un rôle primordial (dosages, ciblage…) », a précisé l’ARS qui ajoute que « la mise en place d’une organisation permettant d’assurer la continuité des soins urgents des patients » est en train d’être « finalisée ».
"La fabrique du soin"
Enfin, France Inter attire notre attention le 30 mars sur "la fabrique du soin", un documentaire disponible en replay sur France 3. « Une comédie sociale qui filme le CHU de Clermont-Ferrand comme un grand corps malade. Avec la voix de Daniel Pennac aux commentaires. Ce film magnifique et captivant propose une immersion au CHU de Clermont-Ferrand. Le documentaire commence par une engueulade magistrale. En pleine réunion, le directeur général de l'hôpital quitte la salle, furieux d'avoir été traité de menteur. Et on verra, plus tard dans le documentaire, chacun des protagonistes de cet échange tendu raconter son métier, son quotidien. La syndicaliste et le grand patron, loin de toute caricature. Car c’est un film choral, qui raconte une multitude de métiers. La réalité des soins et les contraintes budgétaires. Le manque de lits, la surchauffe des services de réanimation : tout cela prend ici une épaisseur humaine. Ces images ont été tournées sur une période d’un an, entre l’été 2020 et l’été 2021. La réalisatrice a fait le choix de ne pas se focaliser sur le Covid. Très bonne idée, c’est Daniel Pennac qui prête sa voix au commentaire. A travers l’écrivain, c’est l’hôpital qui parle. Quand il dit « je », il incarne le CHU. »