Accompagnement des personnes âgées : l'urgence de changer de regard

Accompagnement des personnes âgées : l'urgence de changer de regard

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L’Observatoire national de l'action sociale (Odas) et la Banque Postale présentent les résultats d’une étude sur l’accompagnement proposé aux personnes âgées en perte d’autonomie et la situation financière des Ehpad, et avancent différents scénarios prospectifs.

Dans la première partie de l'étude consacrée à une analyse détaillée des profils des personnes âgées, de leurs lieux de résidence et des différents dispositifs d’aide, il ressort que 92% des plus de 75 ans sont susceptibles de recourir à l'aide à domicile, "dont le modèle économique repose sur des financements publics de plus en plus contraints" alors que la solvabilité des bénéficiaires apparaît de plus en plus fragile.

Les Ehpad et les unités de soin longue durée apparaissent majoritairement comme "des lieux de fin de vie, peu ouverts sur le monde extérieur, avec un poids de plus en plus important du sanitaire, en matière de normes et d’environnement. Ils ne favorisent pas le lien social ou la citoyenneté des résidents alors que 43% d’entre eux sont moyennement ou peu dépendants".

A partir de ces données, les auteurs de l'étude proposent trois scénarios prospectifs. Le premier, qui se base sur un taux d’institutionnalisation identique au niveau de 2015, fait apparaître un important besoin d’ouverture de places en Ehpad : 800 000 personnes âgées d’au moins 75 ans pourraient entrer en institution en 2040, contre 530 000 en 2015 (+ 270 000). Le deuxième, qui table sur une explosion de l’offre intermédiaire entre le domicile et l'Ehpad, conclut à une augmentation de 295 000 personnes en résidence autonomie (375 000 personnes âgées d’au moins 75 ans en 2040 contre 80 000 en 2015), tandis que les Ehpad continueraient à admettre des GIR 1 et 2 mais plus de personnes autonomes après 2030. Le troisième scénario envisage enfin la création de places en Ehpad et en offre intermédiaire (prolongement de la croissance annuelle de 4 300 places d’hébergement permanent en Ehpad) avec pour résultats 655 000 personnes âgées d’au moins 75 ans en 2040 en EHPAD (+ 125 000) et 285 000 en résidences autonomie (+ 205 000).

"Dans chacun des trois scénarios, il ne faut pas perdre de vue que la grande majorité des personnes âgées d’au moins 75 ans, même dépendantes, restent à leur domicile. En effet, le nombre de personnes évaluées en GIR 1 et 2 est de 710 000 en 2020 mais seulement 350 000 d’entre elles occupaient les 643 000 places d’Ehpad et d’USLD. Il en résulte qu’il convient, quel que soit l’effort public décidé en matière d’établissements, de considérer en priorité le soutien à domicile. Mais les politiques sociales portent essentiellement sur les actes professionnels, tant à domicile qu’en hébergement ; elles reposent sur une prégnance de la technicité et négligent l’environnement humain nécessaire à toute personne. Il s’agit davantage d’aide ou de prise en charge que d'accompagnement", conclut l'étude.

Situation financière des Ehpad

Si la situation financière des Ehpad publics autonomes (taux de capacité d’autofinancement de 6,5 %, délai de désendettement de 8 années et demi) et des Ehpad rattachés à des CCAS et CIAS (taux de capacité d’autofinancement de 5 %, délai de désendettement d’un peu moins de 8 ans) est décrite comme "globalement satisfaisante en 2019", celle des Ehpad rattachés à des hôpitaux publics l'est moins en raison d'un "déficit correspondant à 1,1 % de leurs recettes alors que les deux autres catégories d’Ehpad publics sont excédentaires en 2019 dans un intervalle compris entre 1,0 et 1,4 %".
Retenons également qu'en 2020 et 2021, la crise sanitaire a sucité de nombreuses inquiétudes et nécessité des mesures de soutien de la part des pouvoirs publics. C'est ainsi par exemple que  2,1 milliards d’euros sur les 100 milliards d’euros d'aides du plan  France Relance ont été attribués au secteur médico-social.

Pistes d'évolution

L'étude invite donc à "une nécessaire évolution du secteur qui repose sur une prégnance de la technicité et néglige l’environnement humain nécessaire à toute personne. Il conviendrait de privilégier un accompagnement qui prenne en compte les aspirations des personnes concernées, maintienne leurs liens sociaux et leur permette de vivre pleinement leur citoyenneté. Dans un pays où un tiers de la population aura demain plus de soixante ans, il devient urgent de changer de regard sur le vieillissement. La capacité à agir et l’utilité sociale des personnes devraient être encouragées. Ce nouveau paradigme agirait non seulement comme rempart collectif contre l’isolement et la perte d’autonomie et servirait également le bien commun."

En savoir plus : Les Ehpad et l'accompagnement des personnes âgées en perte d'autonomie 

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