A Ville-Evrard, « réfléchir à nos pratiques, au sens du travail social, à l’éthique »

A Ville-Evrard, « réfléchir à nos pratiques, au sens du travail social, à l’éthique »

@EPSVille-Evard

Le service de la coordination de l’action sociale de l’établissement public de santé mentale de Ville-Evrard a mis en place en 2015 un groupe de travail sur le thème : « Accompagner vers la Belgique : les pratiques professionnelles des assistantes sociales de l’EPS de Ville Evrard ». Publiée en 2016, l’étude a été présentée lors de différents séminaires, à l’Agence régionale de santé Ile-de-France et même en Belgique, à l’université de Mons.

« C’était à l’origine une commande de notre directrice générale qui avait été interpellée par plusieurs rapports parlementaires et différents articles de presse sur le sujet, témoigne Nathalie Bompays, coordinatrice de l’action sociale à l’EPS de Ville Evrard. Elle souhaitait savoir si nous collaborions beaucoup avec la Belgique et quelles étaient les modalités d’accompagnement des patients. J’avais moi-même été extrêmement blessée par la manière dont cette question surgissait dans le débat public : participions-nous à cet « exode » de patients vers l’étranger ? Travaillions-nous mal ? Et quelle était notre responsabilité dans le travail d’accompagnement ? ».
A Ville-Evrard, l’étude ne révèlera finalement que quelques dizaines de cas faisant l’objet d’un projet de départ Outre-Quiévrain sur une file active de 30 000 patients par an. Le rapport note toutefois « que la Seine-Saint-Denis est un des départements le plus concernés : 2e pour les adultes (399 adultes) et 4e pour les enfants (89 enfants) en 2015 ». La richesse de ce travail a permis d’aborder nombre de sujets organisationnels, sociaux et éthiques. Chacun pourra y lire les raisons de ces départs, bien éloignées du systématisme et de l’insensibilité : « l’étude montre une convergence des récits des AS avec les rapports officiels sur trois points : l’insuffisance du nombre de places adaptées aux nécessités des personnes et à proximité. Une distance géographique toute relative de la Belgique pour les habitants de la Seine-Saint-Denis, si l’on compare avec des distances plus importantes à parcourir pour arriver à des structures situées dans certains départements de France, sans compter les stratégies mises en place pour faciliter les rencontres avec les proches, qui limitent les effets de rupture des liens. Enfin, un savoir-faire spécifique des institutions belges, plus éducatif que sanitaire, plus lieu de vie que lieu de soin, plus chaleureux et familial ».

Accompagner

Il apparaît en outre clairement que les équipes de Ville-Evrard continuent d’accompagner le patient et sa famille après avoir réalisé les démarches administratives. « Nous suivons le financement de la MDPH, nous prenons des nouvelles, poursuit Nathalie Bompays. La question de la temporalité s’est d’ailleurs posée : pouvions-nous continuer, deux ans après un transfert par exemple, de prendre des nouvelles sans paraître mettre en cause nos collègues belges ? ». Et le rapport de conclure sur ce point : « Entre l’abandon et droit à l’oubli, entre protection et persécution, la notion de « mise à disposition » du service de psychiatrie permet d’établir un équilibre entre surinterventionnisme et sous-interventionnisme. Outre les retours réguliers organisés entre la structure belge et la famille et/ou le secteur de psychiatrie, la « mise à disposition » est une façon de maintenir un lien avec le territoire, y compris lorsque les personnes ne s’y déplacent plus, de maintenir ainsi le lien de citoyenneté (Paugam, 2008) y compris lorsque les autres liens sociaux sont fragilisés voire rompus, et d’éloigner ainsi le spectre du déracinement et de l’exil. »

Fidélisation

Notons enfin que ce type de recherche est mené régulièrement à l’EPSM de Ville-Evard. « Nous y consacrons une demi-journée par mois. C’est le moment où l’on se pose pour réfléchir à nos pratiques, au sens du travail social, à l’éthique. C’est aussi un outil de fidélisation et de reconnaissance du travail des collègues. Notre prochaine étude aura pour thème l’impact du numérique sur le travail social », conclut Nathalie Bompays.

1 - La recherche-action a été conçue et réalisée par huit assistantes sociales (AS), une éducatrice spécialisée (ES), les deux cadres socio-éducatifs, la documentaliste et la sociologue de l’EPS de Ville Evrard (EPS VE).

 

 

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