En clôture des Assises de la Santé Mentale, ce 28 septembre, le Président de la République a annoncé une enveloppe de 19 millions d'euros pour soutenir la création d'un Institut de la stimulation cérébrale au sein du GHU Paris Psychiatrie&Neurosciences. Une voie thérapeutique en développement...
En France, plus de 8 millions de personnes sont touchées par des pathologies psychiatriques, majoritairement chroniques. Ces maladies représentent la première cause d’incapacité à l’échelle mondiale. Sur le plan thérapeutique, depuis la découverte des premiers traitements médicamenteux antipsychotiques en 1952, à l’hôpital Sainte-Anne, les progrès ont été insuffisants. Et pourtant, les besoins sont énormes avec un tiers de patients résistants aux traitements actuellement disponibles.
La stimulation cérébrale est apparue ces dernières années comme une voie de recherche très prometteuse pour accomplir un véritable saut thérapeutique, tant en termes de qualité que de confort et de sécurité des soins. Il s’agit d’un ensemble de techniques qui visent à stimuler des zones précises du cerveau pour soigner le patient.
Des interventions bien ciblées
Ces techniques, qui s’appuient sur un équipement léger, permettent des interventions beaucoup mieux ciblées vers les seules zones cérébrales d’intérêt pour chaque patient, et présentent donc des effets indésirables moindres. «Ce traitement se situe aux antipodes des représentations anxiogènes et datées encore trop répandues», expliquent les spécialistes du GHU Paris qui ont déjà investi ce domaine. Plusieurs essais cliniques y sont actuellement en cours, notamment dans le service du Dr Marion Plaze, au sein du Pôle hospitalo-universitaire psychiatrie Paris 15e, piloté par le Pr Raphaël Gaillard.
Un incubateur et un accélérateur de recherche
L'idée d'associer leur expérience au savoir faire des industriels et laboratoires à la pointe dans le domaine des ultrasons diagnostiques et thérapeutiques a posé les fondements du projet d'un futur Institut de stimulation cérébral. Véritable incubateur et accélérateur de la recherche, l’Institut a pour vocation de développer rapidement une large utilisation de cette offre thérapeutique à travers une solution industrielle française. «La création de l’Institut de stimulation cérébrale de Paris représente une vraie opportunité de placer la France aux avant-postes d’une révolution majeure dans la prise en charge des patients psychiatriques, soulignent les porteurs du projet
« En soutenant financièrement ce projet à hauteur de 19 millions d’euros pour une durée de 5 ans, le gouvernement confie au GHU Paris et à ses partenaires universitaires (Université de Paris) et scientifiques (Inserm/IPNP) la réalisation d’une avancée thérapeutique au bénéfice de milliers d’usagers de la psychiatrie, dont les attentes se voient aujourd’hui entendues», se félicitent ses instigateurs. Ce soutien devrait rendre possibles le recrutement d’équipes cliniques et de recherche, un investissement technique et technologique, et des essais cliniques novateurs liés aux ultrasons.
3 grands axes de recherche
Concrètement, les équipes impliquées orienteront leurs travaux sur trois grands axes :
- L'optimisation des différentes modalités actuelles de stimulation cérébrale (à courant continu, magnétique, avec dispositif implanté) dont le potentiel est aujourd’hui sous exploité.
- Le renforcement d'une approche de type médecine personnalisée, par l’utilisation de l’imagerie cérébrale qui individualise la zone du cerveau à traiter.
- Le développement de la stimulation cérébrale profonde par ultrasons focalisés. Cette nouvelle technologie non invasive pourrait être mise en œuvre, d’ici début 2022, sur le site Sainte-Anne, pour la première fois chez l’homme. Elle s’attache particulièrement à soigner les personnes vivant avec une dépression ou une addiction.