Avec sa participation à plus d'une cinquantaine de travaux en 2019, le GHU Paris Psychiatrie & Neurosciences reste un moteur historique de la recherche clinique en psychiatrie, santé mentale et neurosciences en France. S’appuyant sur une diversité de champs d'investigation, depuis la recherche fondamentale en unité INSERM jusqu’à la recherche en sciences humaines et sociales, il favorise la diffusion des bonnes pratiques dans ce domaine. Aurélien Delas, directeur de la politique médicale, des partenariats et de la recherche et Khaoussou Sylla, responsable de la DRCi (Direction de la Recherche Clinique et de l’innovation) du GHU Paris Psychiatrie et Neurosciences expliquent ce dynamisme...
Quel regard portez-vous sur l'intérêt de la recherche en centre hospitalier?
Considérée durant des années comme le domaine réservé des seuls CHU et des Centres de Lutte Contre le Cancer, la recherche clinique constitue aujourd'hui un enjeu stratégique et un marqueur du dynamisme, de l’attractivité et du rayonnement d’un grand nombre de CH. Les équipes hospitalières en CH sont tout aussi désireuses de contribuer au progrès médical et d’offrir à leurs patients un accès rapide aux dernières innovations en matière de soins et de prises en charge. Ceci avec l’encouragement des directions hospitalières conscientes de ces enjeux et soucieuses de valoriser l’activité de recherche comme une activité à part entière.
Le Groupe Hospitalier Universitaire (GHU) Paris Psychiatrie & Neurosciences s’est pleinement inscrit dans cette évolution en faisant le choix de faire de la recherche biomédicale un axe majeur de son positionnement stratégique.
Que requiert le développement de cette activité?
La recherche est une activité complexe qui requiert structuration, temps, financement et organisation. Certaines conditions sont déterminantes. A savoir :
- des structures d’appui et de soutien à l’activité de recherche (Cellule recherche, unité de recherche clinique jusqu’à la mise en place d’une Délégation à la recherche Clinique et à l’Innovation ou DRCI) de manière à pouvoir assurer à terme la promotion des essais clinique du CH
- l'investissement dans les ressources humaines pour disposer de personnels spécifiquement dédiés au développement de la recherche (ARC, TEC, data manager, biostatisticien, méthodologiste, pharmacovigilants…), associé à une stratégie d’internalisation progressive de compétences. En effet, le principal problème est le manque de temps pour faire de la recherche dans les services non universitaires du fait de la pression de l’activité clinique et de la non structuration et possibilité statutaire de dégagement de temps pour ces activités.
- la mise en œuvre d’une politique de recrutement, de formation, de fidélisation et de professionnalisation des personnels et métiers de la recherche (personnel médical, infirmier et paramédical, personnel des structures de soutien à l’activité de recherche…).
Comment s’organisent les missions de recherche au sein de votre établissement ?
Le GHU Paris psychiatrie et neurosciences a l’avantage d’avoir un écosystème unique sur son site avec à proximité, non seulement les structures supports de la recherche (CRB, Centre de Recherche Clinique, plateforme d’imagerie dédiée recherche), mais aussi une unité INSERM multi-équipes de 200 chercheurs, ce qui favorise l’intégration de l’ensemble des recherches (préclinique, translationnelle, clinique, santé publique ainsi que les sciences humaines et sociales).
Le GHU, dans le cadre de son projet d’établissement, a en plus, fait le choix de consacrer un axe stratégique (et des moyens) au développement des capacités de recherche des équipes cliniques et d’une recherche structurée.
La structuration engagée a conduit à la mise en place: d’instances de la recherche clinique (Commission recherche de la CME, comité des plateformes), d’une Délégation à la Recherche Clinique et à l’Innovation (DRCI) composée de professionnels (chefs de projets, ARCs, Biostatisticien, Data manager…) en charge de diverses missions de soutien et d’appui à cette activité et de plateformes dédiées à la recherche clinique et intégrées (un Centre de recherche Clinique – CRC - destiné à l’aide à l’investigation, un centre de Ressources Biologiques - CRB, une plateforme d’Imagerie recherche dotée d’une IRM 3T…). A ceci s'ajoute le développement de partenariats notamment avec l’Inserm au travers de l’unité 1266 Institut de Psychiatrie et Neurosciences de Paris, l’Université de Paris, l’Institut Pasteur.
Quels sont les principaux axes de recherche du GHU Paris Psychiatrie & Neurosciences?
Le site Sainte-Anne du GHU Paris psychiatrie et neurosciences a pour atout essentiel de disposer d’un centre de recherche fondamentale (Institut de Psychiatrie et Neurosciences de Paris INSERM) adossé aux équipes cliniques de l’hôpital, aux files actives de patients (1ere cohorte de patients en santé mentale d’Europe) et aux plateformes de recherche clinique (Centre de Recherche Clinique, plateforme d’imagerie cérébrale et Centre de Ressources Biologiques). Il se veut ainsi un site de recherche intégrée avec la volonté de renforcer le continuum entre recherches pré-cliniques, translationnelles, cliniques et y compris dans les champs de la santé publique et des sciences humaines et sociales.
Dans le cadre de la recherche pré-clinique, nos équipes travaillent tout particulièrement sur la physiopathologie des maladies psychiatriques et les facteurs de vulnérabilité aux troubles psychiatriques et addictifs, les accidents vasculaires cérébraux, les troubles cognitifs liés au vieillissement du cerveau… Les études cliniques portent sur:
- la psychiatrie: troubles psychotiques et schizophréniques, troubles de l’humeur et troubles bipolaires, dépression, addictions, troubles du comportement alimentaire, psychopharmacologie, troubles du développement, autisme, troubles psychiques et vieillissement…
- les neurosciences : champ neuro-vasculaire, neuro-imagerie, neuro-oncologie, neurologie de la mémoire et du langage, épileptologie, neurophysiologie, neuropathologie expérimentale…
- les recherches en lien avec la psychiatrie et les neurosciences: développement de la neuromodulation, approches neurophysiologiques des déficits cognitifs neuropsychiatriques, Brain Banking «Pathologie mentale»…
Quel bilan faites-vous de votre activité de recherche? Est-elle en progression?
Nous avons participé à plus d'une cinquantaine de projets de recherche en 2019, parmi lesquels 27 dont nous avons été promoteurs.
Les indicateurs d’activité de recherche du GHU Paris (SIGAPS, SIGREC et MERRI) sont en constante progression depuis 2012.
Le GHU Paris se place au 2ème rang des CH au niveau national en termes de nombre et d’indicateurs de publications SIGAPS.
L’objectif du GHU Paris vise à s’ancrer toujours plus dans son territoire, en lien étroit avec ses partenaires institutionnels, académiques et industriels. Pour cela, de nombreuses collaborations sont mises en place pour accentuer le développement d’une recherche toujours plus qualitative au plus près des thématiques du site.
Le GHU Paris entend poursuivre et accentuer son activité de recherche et continuer ainsi à valoriser son extraordinaire potentiel de recherche et conforter ainsi son statut d’acteur reconnu dans le paysage de la recherche au plan national.
De quels moyens humains disposez-vous aujourd’hui pour mener à bien vos projets?
Nous disposons aujourd'hui de 33 équivalents temps plein dédiés à nos activités de recherche. Personnel recherche des structures de soutien et d’appui à l’activité de recherche: 10 au sein de la Délégation à la recherche Clinique et à l’Innovation (DRCI), 9 pour le Centre de recherche Clinique (CRC) et CRB, 3 pour la plateforme Imagerie, 3 pour la cellule Epidémiologie, 6 pour le laboratoire de Sciences humaines et sociales, 2 pour la cellule recherche à la Commission médicale d'établissement (CME).
Qu’en est-il du financement?
Les sources de financement de la recherche sont multiples et variées mais ont pour finalité commune de financer les projets de recherche à travers des appels à projets dédiés à des thématiques précises.
La première étape de mise en œuvre des projets de recherche passe par l’obtention de financements par le biais des appels à projets institutionnels ou associatifs, nationaux ou européens ou la participation à des essais à la promotion industrielle.
D’autre part, l’implication des établissements de santé est encouragée par l’octroi de financements dits MERRI (Missions d’Enseignement, de Recherche, de Recours et d’Innovation) destinés à compenser les charges liées à l’activité de recherche et fonction du niveau d’activité de recherche. Les évolutions dynamiques du modèle de financement MERRI concourent à créer un contexte très compétitif entre les établissements de santé puisque les montants qui leur sont alloués sont fonction du score obtenu sur la base d’indicateurs d’activité, au prorata du score national.
Le GHU Paris psychiatrie et neurosciences fait partie des quelques CH à figurer sur la liste des établissements de santé éligibles au financement MERRI au plan national.
Favorisez-vous les formations de vos équipes médicales et soignantes dans ce domaine?
La professionnalisation des personnels impliqués dans la recherche permet de répondre à l’augmentation continue de nombre d’essais ainsi qu’à la complexité croissante de la législation en matière de recherche.
Cette professionnalisation de la recherche clinique en CH passe également par la formation des investigateurs et notamment des non universitaires pour lesquels des actions spécifiques doivent être entreprises (personnel médical, infirmier et paramédical…).
Pour ce faire, le GHU Paris Psychiatrie & Neurosciences a intégré un volet «Initiation à la recherche clinique» au plan de formation de l’établissement et constitué des modules destinés à toutes les personnes engagées ou désireuses de s’engager dans l’activité de recherche.
Enfin, nous encourageons nos personnels impliqués dans l’activité de recherche à participer à des formations qualifiantes de type DIU et plateformes d’e-learning.
Les travaux menés au GHU Paris Psychiatrie & Neurosciences ont-ils donné lieu à de nombreuses publications scientifiques?
Notre GHU se classe comme troisième contributeur à la recherche en psychiatrie au plan national en termes de publications et citations (source GT «recherche en psychiatrie et santé mentale»). Nos équipes contribuent à quelque 150 publications par an.
Le GHU Paris Psychiatrie & Neurosciences s'est vu financé, par ailleurs, 24 projets PHRC à l’appel d’offre ministériel (DGOS) sur la période 1995-2018, soit une moyenne d’1 projet du GHU Paris financé par an, pour un montant total de quasiment 10 millions d’euros (17 PHRC National ; 1 PREPS ; 3 PHRCI ; 2 PHRIP ; 1 PRME de près de 2,6 millions €) ;
Le Projet «Eva-3-S» du GHU Paris, porté par le Pr Jean-Louis MAS, figure dans la liste des 20 projets PHRC jugés les plus emblématiques lors des «20 ans du PHRC» Nous participons aussi, en qualité de centre coordonnateur français, à 3 projets européens H2020 en psychiatrie et en neurologie et au copilotage d’un DHU «NeuroVasc» en partenariat avec l’APHP. Nous avons du reste obtenu le 1er RHU en psychiatrie au niveau national en 2019.
GHU Film presentation recherche (English) from GHU Paris on Vimeo.
Pour en savoir plus:
Ecosystème de la Recherche au GHU PARIS