Dans le cadre de la Mission d’évaluation et de contrôle des lois de financement de la sécurité sociale (MECSS) de l’Assemblée nationale, Sophie Beaupère, vice-présidente de l’ADH, s’est rendue le mardi 02 juillet au Palais Bourbon pour présenter les positions de l’Association, ainsi que les nécessaires conditions de réussite à la mise en œuvre du «virage ambulatoire» fixé par le ministère de la Santé. Dans le communiqué relatant cette rencontre, l’ADH a, en outre, tenu à préciser que l’objectif des 70% d’ambulatoire en 2022 restait très ambitieux au regard des freins qui subsistent et des efforts qu’il reste à mettre en œuvre.
« Tout d’abord, l’atteinte de cet objectif ne pourra se faire que s’il existe une personnalisation des parcours de soins poussée, explique l'Association. Certaines pathologies, entraînant par exemple une dégradation de l’état de santé général ou des interventions particulièrement lourdes, nécessitent un temps d’hospitalisation minimum. Il est nécessaire dans ce cas de développer le J0 (prise en charge le jour même de l’arrivée) en complément de l’ambulatoire». Plus généralement, l'ADH estime que l’optimisation de la prise en charge et l’obtention d’un taux de satisfaction élevé des patients doit réunir plusieurs conditions de réussite:
- une information adaptée aux individus (développement de supports permettant une information simplifiée)
- le développement de la coordination des parcours grâce à des nouveaux métiers et au recours accru des infirmières expertes
- l’adaptation des parcours de soins par pathologie mais aussi par type de population notamment parce que le lien avec la ville est aujourd’hui plus développé
- une collaboration de l’ensemble des professionnels de la «chaîne» du parcours de soins, en impliquant les aidants et en développant des solutions de répit pour éviter l’épuisement de chacun des acteurs.
Le risque d'une nouvelle compression tarifaire
Les directrices et directeurs d'hôpital attendent, dans ce contexte, que «la poursuite de cet objectif se fasse dans de bonnes conditions afin de ne pas compromettre les équilibres sociaux et financiers des établissements de santé aujourd’hui fragiles». Ils rappellent que l’effort mené par les professionnels pour développer l’ambulatoire et le JO a été majeur avec la mise en place d’organisation à flux tendus dans des délais courts.
Enfin, l’ultime condition selon l’ADH serait que l’exercice de cette pratique n’ait pas comme conséquence une nouvelle compression tarifaire pour les établissements de santé sur les autres activités. Et de rappeler que les établissements de santé ont fait des efforts considérables de gains de productivité et que le climat social y est très tendu.
Pour autant, l'Association reconnaît que «le développement de la chirurgie ambulatoire préfigure une médecine plus efficiente», avec notamment la réhabilitation précoce post chirurgie, l’immunothérapie, les chimiothérapies orales et la prévention des seconds cancers en cancérologie. Autant d' évolutions qui permettent de renforcer les liens avec l’Hospitalisation à Domicile (HAD) et les professionnels libéraux.
L'ADH estime par ailleurs que la prise en charge en ambulatoire est un reflet des enjeux plus larges des établissements de santé aujourd'hui: l’équilibre entre les objectifs financiers, la soutenabilité budgétaire et la nécessaire préservation des conditions de travail des professionnels ainsi que la capacité à fidéliser des professionnels experts. «L’ambulatoire exige en terme d’organisation des plateaux rodés avec des moyens dédiés et un personnel hospitalier formé. Pour autant, le modèle financier doit encore évoluer, notamment concernant par exemple les hôtels hospitaliers qui peuvent être un levier intéressant pour développer l’ambulatoire et constituer une alternative à l’hospitalisation».