Pionnier dans l’offre d’activité physique adaptée (APA) depuis 11 ans, l’Institut Curie a développé un dispositif dédié afin de doubler le nombre de patients pouvant en bénéficier dans les deux prochaines années. Au programme en 2022 : sensibilisation précoce des patients atteints de cancer, formation des oncologues, programme étoffé et personnalisé, et évaluation des bienfaits de l’APA.
"L’Institut Curie est pionnier dans le déploiement de l’APA en France comme thérapeutique non médicamenteuse, explique le Pr Steven Le Gouill, directeur de l’Ensemble hospitalier de l’Institut Curie. Entre 2011 et 2019, plus de 2 000 patients de l’Institut Curie ont bénéficié d’un programme associant activité physique et prise en charge nutritionnelle, et en 2021, nous avons reçu le label Maison Sport –Santé qui distingue notre engagement dans ce domaine. En 2022, nous souhaitons aller encore plus loin en étoffant et en structurant nos actions pour doubler le nombre de patients qui pourront en bénéficier."
"Partie intégrante de la prise en charge de nos patients aux nombreux bénéfices, l’offre APA sera à la fois plus importante en durée et plus personnalisée. La présence d’un enseignant dédié sur le terrain va nous permettre de sensibiliser encore plus les patients, et aussi les oncologues, à l’importance de l’APA pendant et après les traitements, complète le Dr Carole Bouleuc, cheffe du département de soins de support. La sensibilisation des patients le plus précocement possible dans les salles d’attente est un des points phares du dispositif 2022. Un nouveau poste d’enseignant APA vient d’être créé pour aller au plus près des malades. Nous allons aussi organiser en interne des formations pour que les oncologues puissent plus facilement orienter leurs patients et leur prescrire des séances d’APA. »
Des conférences en ligne et sur les sites hospitaliers (Paris et Saint-Cloud) sont également organisées pour informer les patients des bienfaits de l’APA et son utilité dans la prise en charge des cancers. Enfin, un livret d’information sur l’APA est disponible en ligne et sous format papier.
Accompagner pendant et après les traitements
« En présentiel et désormais en digital, pour donner accès à tous nos patients où qu’ils soient et même s’ils ont des difficultés pour se déplacer, le programme dit Starter est proposé en collaboration avec les associations partenaires (Cami, UCPA, Rosamouv, EPGV, Siel Bleu…) », précise le Dr Carole Bouleuc. Il comprend un bilan initial, 10 séances d’APA et un bilan final. Le programme digital est identique au présentiel.
Membre à part entière de l’équipe soignante, l’enseignant dédié assurera la coordination des partenariats et simplifiera la mise en place des parcours d’APA qui seront personnalisés selon la situation des patients grâce aux bilans initiaux et finaux.
Dans cette optique, un hôpital de jour de soins de support dédié à l’APA et à la nutrition, a été créé en 2021 pour accueillir les patients dans les situations plus complexes (en situation métastatique, affaiblis, dénutris…) adressés par leur médecin pour une prise en charge très personnalisée. L’objectif est de prendre en charge au moins un tiers des patients en situations complexes dans les deux prochaines années.
Évaluer l’efficacité du dispositif
Retenons également que le Dr Cindy Neuzillet, gastroentérologue et oncologue digestif à l’Institut Curie, responsable du parcours digestif sur le site de Saint-Cloud, vient de lancer un essai clinique de phase II qui vise à évaluer l’intérêt d’un programme individualisé de nutrition et d’activité physique adaptée chez des patients atteints de cancers bronchiques ou digestifs avancés et qui sont en situation de fragilité. « L’objectif des séances d’APA réalisées sous la supervision d’un professionnel est double : réduire la fatigue des patients et maintenir leur masse musculaire pour optimiser leur qualité de vie et limiter les effets secondaires des traitements. Ces séances viennent en plus de l’activité physique quotidienne, explique-t-elle. Par ailleurs, les interventions nutritionnelles consistent à déployer des mesures pour couvrir les besoins en protéines et calories, qui sont augmentées du fait de la maladie et des traitements. Il s’agit de conseils diététiques, de compléments nutritionnels oraux voire si nécessaire de la mise en place d’une nutrition artificielle. »
Plus de 270 patients devraient participer à cet essai, qui sera déployé dans 9 centres de lutte contre le cancer sous la supervision du Dr Neuzillet. Ils suivront ce programme personnalisé pendant deux semaines. L’objectif principal est de déterminer si cela a un impact sur la survie des malades sans détérioration de leur qualité de vie.
Le déploiement de ce dispositif de sensibilisation et d’accompagnement de l’APA a reçu le soutien d’AstraZeneca, engagé à améliorer la prise en charge des patients. « AstraZeneca s’est donné comme mission de mener une révolution en oncologie pour guérir les cancers à terme - notre engagement fondamental est évidemment celui de la recherche de thérapeutiques innovantes et nous travaillons sur six approches différentes et complémentaires, parce que nous avons la conviction scientifique que la guérison des cancers passera par la médecine ultra-personnalisée, explique le Dr Dana Vigier, Directrice de la division oncologie d’AstraZeneca France. Cette personnalisation est d’abord celle du ciblage très précis des thérapeutiques en fonction du profil génétique et moléculaire des patients, mais elle passe aussi par la prise en charge du patient dans sa totalité. »