Hôpital, l’été de tous les dangers

Hôpital, l’été de tous les dangers

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Les établissements hospitaliers sont confrontés depuis plusieurs semaines à des difficultés de personnels qui risquent de mettre en péril l’accès aux soins. C’est dans ce contexte de grandes tensions que la FHF a présenté le 23 juin les résultats d’une enquête RH qui objective la gravité de la situation.

« La crise sanitaire n’est pas complètement derrière nous. Depuis une semaine, nous enregistrons plus de 50 000 cas par jour, le nombre de patients hospitalisés a plus que doublé en deux semaines et nous constatons par ailleurs un relâchement sur la vaccination : par exemple, seuls 22% des plus de 80 ans ont reçu leurs deux doses de rappel », a souligné d’emblée Frédéric Valletoux, président de la FHF, qui a également appelé au rétablissement du port du masque dans les transports. Parmi les conséquences les plus problématiques de la pandémie figure le report de plus de trois millions de séjours d’hospitalisation : 1,3 million en chirurgie et 1,9 en médecine. « Nous n’avons pas constaté de rattrapage de l’activité sur les premiers mois de 2022 : l’activité de chirurgie a même baissé de 6% par rapport à 2019, a complété Cécile Chevange, responsable du pôle Offre de soins de la FHF. A cela s’ajoutent les tensions financières notamment liées à une politique de régulation très forte de l’Ondam, l’augmentation des passages aux urgences - les hôpitaux publics ont fait face à un doublement du nombre des patients accueillis en 20 ans - et l’impact de l’inflation qui est de l’ordre de 750 millions pour les seuls hôpitaux publics ». Pour le Pr François-René Pruvot, Professeur des universités au CHU de Lille et Président du conseil scientifique des investissements en santé « aider les services d’urgence à tenir pendant l’été et reprendre l’activité sont les deux défis qui se présentent à nous. Les leviers d’action sont connus : sensibiliser la population à l’importance de ne pas se précipiter aux urgences ou encore généraliser le Service d’accès aux soins (SAS) sur les plateformes du SAMU ».

Ce que dit d’enquête RH

Pour objectiver le manque d’effectifs, la FHF a présenté les résultats d’une étude conduite en avril et mai 2022 à laquelle ont participé 400 hôpitaux publics, dont les deux-tiers des CHU. « Depuis dix ans, la situation s’est dégradée. L’absentéisme à près de 10% en 2021 a augmenté de 2,5% en dix ans et 99% des établissements rencontrent des problèmes de recrutement avec des vacances de postes significatives, a commenté Frédéric Valletoux. Mais il n’y a pas d’exode à l’hôpital ». De fait, les établissements publics ont enregistré une hausse moyenne de 3% de leurs effectifs en équivalents temps plein en 3 ans. Malheureusement, cette évolution n’a pas permis de réduire la proportion de postes vacants dans les professions aides-soignants et infirmiers. La catégorie infirmier reste ainsi la première priorité en matière de recrutement dans la FPH (74% des CH, 55% des CHU et 41% des EHPAD). « Les blocs opératoires connaissent des difficultés de recrutement dans 90% des CHU et 30% des CH, a complété Zaynab Riet Déléguée générale de la FHF. La gériatrie est le secteur le plus cité, devant les maternités, les activités de psychiatrie, de chirurgie et des services d’urgence. Enfin, si les CHU mettent l’accent sur la chirurgie, les CH évoquent davantage de problèmes en médecine ».
A la tête du pôle RH de la FHF, Sophie Marchandet a également souligné que l’importance de la rémunération n’est pas le seul déterminant à prendre en considération. « Le sens du travail, les conditions d’exercice, une meilleure conciliation vie privée/vie professionnelle avec une facilitation de l’accès à un logement ou à une crèche, et l’accès à des outils d’information qui fonctionnent sont plus souvent recherchés par les professionnels. La rémunération n’arrive qu’en cinquième position ».

L’été sera chaud

Chef de pôle Urgences au Centre Hospitalier de Pau, le Dr Pierre Chanseau a témoigné du manque d’effectif médical lié à l’expression désormais récurrente d’une perte de sens. « L’épuisement se transforme en renoncement. Nos médecins se réorientent vers la médecine péri-opératoire, le secteur psychiatrique, la médecine générale et l’hospitalisation à domicile. Le recentrage vers l’urgence vitale est une priorité ». Partageant ces constats, le Dr Catherine Le Gall, cheffe de service des urgences de l’Hôpital d'Argenteuil a quant à elle insisté sur les problématiques d’amont et d’aval « considérables qui conditionnent le travail des urgences. Cet été si ces deux variables ne sont pas maîtrisées, les risques d’absentéisme peuvent mener à des ruptures brutales ». Et de citer deux mesures positives mises en place au sein de son établissement: l’augmentation du nombre de lits polyvalents et le virage ambulatoire travaillé avec les professionnels de ville.
Dans ce contexte de tensions, la FHF a aussi plaidé pour l’organisation de Plans de continuité des soins dans tous les territoires.

 

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