Le virus de la Covid-19 a été une source d'innovation et de progrès pour les établissements de santé, comme en atteste une enquête de la Fédération Hospitalière de France (FHF), présentée lors du SantExpoLive. Pour 76 % des personnes interrogées, la crise sanitaire a permis d'innover l'organisation interne de leur structure. C'est l'un des points d'améliorations évoqués par les établissements, selon l'étude de la FHF réalisée en juin 2020.
« Les barrières de services, de pôles, de territoires, et de structures sont complètement tombées » expliquent Frédéric Martineau, conseiller médical de la FHF et chef du pôle imagerie au CH du Pays basque. Le médecin précise qu'une transversalité s'est installée au sein même des structures, ce qui permet une meilleure communication.
Cette transversalité s'est aussi instaurée entre les différents corps de soins. « Au départ, les médecins de villes se sont retrouvés très seuls. Spontanément, ils se sont organisés par villes puis par territoires. Ils ont créé des centres de diagnostic et se sont tournés vers les établissements hospitaliers parce qu'ils n'avaient pas de réponses satisfaisantes de la part des différentes tutelles », poursuit le conseiller médical.
Les médecins de villes ont aussi joué un rôle important dans les établissements médico-sociaux. Ils ont pu établir des liens entre les structures sanitaires et médico-sociales. Ce qui est d'ailleurs le deuxième point de progrès, selon l'étude de la FHF. Cette collaboration a par exemple facilité l'augmentation d'unités mobiles en gériatrie ainsi qu'un déploiement massif de médecins dans les Ehpad.
« On a assisté à une véritable union des administratifs, des logisticiens, des soignants et des médecins », précise Alexandre Mokede, responsable du pôle offre de soins à la FHF, ce qui a rendu possible l'utilisation massive d'outils numériques. La téléconsultation a augmenté, ainsi que la téléexpertise. Le nombre de visio-réunions hebdomadaires s'est aussi accru, dans certaines structures, on parle même de réunion bi-hebdomadaire.
Réduction des obstacles
Le numérique a effacé toute une partie de la charge administrative. « La partie administrative, bureaucratique s'est totalement effacée face à la prise en charge urgente des citoyens » raconte Frédéric Martineau. Pour le conseiller médical, « quelque part, on a touché le ciel. D'un coup, les soignants sont écoutés par les institutions, au cœur de l'attention ».
Les établissements ont vu leur budget exploser à cause des achats de masques, de blouses et de gants. Le gouvernement a alors appliqué la politique du « quoiqu'il en coûte ». Alexandre Mokede explique que « tous les surcoûts seront réglés. De ce fait, le gouvernement fait sauter une des principales difficultés qui existe actuellement dans nos établissements : la contrainte financière ».
D'après les deux intervenants, ces progrès ont aussi été possibles puisque toute l'attention des soignants était portée sur le coronavirus. Malheureusement, cela s'est fait au détriment d'autres pathologies.
Moins de vaccins, plus de préventions
« Alors que la prévalence du Covid n'était pas la même partout sur le territoire, tous les établissements, à un moment donné, se sont arrêtés et n'ont fait que du Covid », indique Alexandre Mokede. Ainsi toute une partie des pathologies a été oubliée durant la première vague. Le système de soins a donc été brutalement impacté au moment de la deuxième vague.
« Pour soigner l'hôpital, il faut que les gens appliquent des mesures de santé publique » précise l'expert, avant de poursuivre : « même avec le vaccin, la première des priorités pour éviter d'engorger le système hospitalier, c'est de faire beaucoup plus en termes de prévention et de santé publique ».
Selon Frédéric Martineau, il est urgent de proposer une autre offre de soins, aux différents territoires. « Le système de santé va sortir vainqueur de l'épidémie mais totalement exsangue », a-t-il conclu.