À l'occasion de la Journée mondiale sans tabac ce 31 mai, la Ligue contre le cancer publie les résultats d'une double enquête sur la présence du tabac au cinéma, réalisée avec l'Institut Ipsos. Des chiffres inquiétants montrent que le tabac est encore présent dans plus de 90% des films français.
Pour la Ligue, cette enquête doit montrer « la stratégie marketing pernicieuse des lobbies du tabac dans la création audiovisuelle, malgré les obligations légales existantes ». Alors que la journée mondiale sans tabac a lieu ce 31 mai, l'association publie la 3ème édition de son étude sur la présence du tabac dans les films français, réalisée avec Ipsos.
La Ligue contre le cancer a donc décrypté plus de 150 films français, sortis entre 2015 et 2019. À cela s'ajoute un sondage mené en janvier 2021, auprès de 1.500 jeunes entre 18 et 34 ans. L'objectif de ce sondage étant de comprendre la perception des jeunes, cible prioritaire de l'industrie du tabac.
Dénormaliser le tabac, un combat essentiel
La Ligue a entrepris, dès 2005, un combat acharné pour dénormaliser la consommation de tabac et militer pour faire de la jeune génération une génération sans tabac. Elle rappelle que le tabagisme reste la première cause de cancers évitables en France. Cette inquiétude est d'ailleurs partagée par plus de la moitié (58%) des 18-34 ans qui considèrent que l'apparition de tabac à l'écran est une forme d'incitation.
De nombreuses études montrent que plus les adolescents voient des personnages fumer à l'écran, plus ils sont enclins à fumer eux-mêmes. Le tabagisme dans le cinéma serait responsable « à 37% de l'initiation au tabagisme des adolescents ». Selon l'association, le nombre de jeunes fumeurs serait réduit de 18% si la présence du tabac était réglementée dans les films.
Le cinéma : un moyen d'incitation
Dans 90,7% des films analysés, l'association constate « au moins un événement, un objet ou un discours en rapport avec le tabac ». Ce dernier est présent « en moyenne 2,6 minutes à l'écran par film, soit l'équivalent de 6 spots publicitaires par film », indique le communiqué. La Ligue constate également l'augmentation forte de cannabis à l'écran, à hauteur de 8,6% des évènements fumés. Deux fois plus que dans les volets précédents de l'étude.
La Ligue s'inquiète également de l'aspect positif et banal du tabagisme dans la création audiovisuelle. Une influence susceptible d'encourager le jeune public. « Dans 74,6% des situations, l'événement (une personne qui fume) se produit dans une situation banale », indique l'enquête, contre 61,5% en 2011-2014 et 64,6% en 2005-2010.
Une normalisation favorisée par l'épidémie
D'après la Ligue, le niveau d'exposition a augmenté avec l'arrivée de la Covid-19 : 66 % des répondants affirment avoir passé plus de temps devant des films ou séries, depuis le premier confinement. « La Ligue appelle donc à la responsabilité des pouvoirs publics et à l'engagement de l'industrie française du cinéma, pour mettre un terme au placement de produits orchestré par le lobby du tabac et à ses conséquences désastreuses pour la santé publique ». L'association rappelle que toute image ou dicours en faveur du tabac constitue une promotion illégale de ce produit.
« La Ligue dénonce avec acharnement la valorisation du tabagisme dans les films français depuis plus de 15 ans. Nous devons résister face à une industrie du tabac redoutable qui utilise sa force de frappe et ses stratégies pernicieuses pour déployer des campagnes aussi agressives qu'insidieuses auprès des plus jeunes. Il est impératif de stopper cette manipulation et de l'exposer aux yeux de tous, il faut continuer à dénoncer les puissants lobbies du tabac qui n'hésitent pas à apporter des financements pour voir leurs produits apparaître à l'écran, de façon plus ou moins directe. Sans scrupule, ils parviennent à contourner la loi. Cela est inadmissible. Malgré toutes les actions mises en œuvre pour dénormaliser le tabagisme et mettre en lumière les ravages qui y sont liés, les lobbies restent encore bien trop puissants. Nous souhaitons aider l'industrie du cinéma et réussir, ensemble, à stopper ces pratiques inacceptables ! »
Pour en savoir plus : Ligue contre le cancer