François Houÿez, Directeur de l’information et de l’accès aux traitements, conseiller en politique de santé d’Eurordis, a évoqué l’Europe de la santé « côté patients » dans le cadre d’un débat organisé le 12 janvier par la Chaire santé, Sciences Po Alumni et l'École d’Affaires Publiques.
« Pour la première fois, un produit manufacturé a été mis à la disposition de tous les citoyens d’Europe avec la même chance d’y accéder au même moment », a exprimé François Houÿez à propos de la vaccination contre la Covid-19. Le Directeur de l’information et de l’accès aux traitements d’Eurordis a donc appelé de ses vœux la même équité pour l’accès à toutes les technologies de santé. « Il est urgent d’ouvrir la réflexion. Si un traitement est autorisé par l’Agence européenne du médicament (EMA) et s’il est pris en charge par la collectivité, n’importe quel patient doit pouvoir en bénéficier, où qu’il soit » dans une Europe qui compte « 27 marchés européens du médicament » et qui rassemble des pays dont l’investissement dans la santé reste très disparate : entre 6 et 12% du Produit intérieur brut.
François Houÿez a également tenu à saluer l’initiative HERA non sans appeler à un élargissement des actions. « Nous devons certes nous préparer à faire face aux maladies émergentes futures mais aussi apporter de meilleures réponses à toutes les personnes malades en favorisant l’échange d’expertises ou encore en permettant aux patients de consulter plus facilement des professionnels de santé dans les pays de l’Union », a -til exprimé.
Faire participer la société civile
Interrogé sur les besoins de santé en Europe, François Houÿez n’a pas caché qu’il était « difficile de les évaluer malgré les méthodes définies par l’Organisation mondiale de la santé, tout comme il est complexe de mettre en avant des priorités car il ne peut pas y avoir de compétition ou de concurrence entre les maladies ». Et si certains sujets font déjà l’objet de politiques concertées - plan européen pour vaincre le cancer, lutte contre le sida, mobilisation contre la résistance aux antibiotiques, coordination de la recherche sur les maladies neurodégénératives… - « Il faut raisonner en termes d’équité par maladie : identifier les besoins et éviter toute disparité de traitement ». S’agissant enfin des mouvements anti-vax, le conseiller en politique de santé d’Eurordis a rappelé que « lorsque les politiques de santé incluent la société civile, la démarche est de nature à désamorcer le complotisme. Depuis février 2021, de plus en plus de Français ont témoigné au fil des mois de la volonté de se faire vacciner. Faire participer le plus grand nombre à tous les niveaux de la décision française et européenne est un moyen efficace d’agir », a t-il conclu.
Pour Pierre Delsaux, Directeur général de l’Health Emergency Response Authority (HERA) et Directeur général adjoint à la DG Santé, trois leçons peuvent d’ores et déjà être tirées de la pandémie de Covid-19 : La santé est un élément fondamental pour toute société, y compris pour son économie ; elle nécessite une mobilisation collective, et sans l’Europe, « nous ne pourrions pas sortir de la crise aussi rapidement. Même un pays comme la France aurait eu des difficultés pour se procurer des vaccins. »
En outre, plus de la moitié des vaccins produits en Europe ont été vendus au-delà des frontières des 27. « Nous avons non seulement pris soin de nos concitoyens mais nous avons aussi fait preuve d’une grande solidarité », a souligné Pierre Delsaux qui a également appelé à ne pas minimiser le rôle de l’Europe : « C’est une société allemande, BioNTech, qui a développé le vaccin Pfizer avec des fonds européens. Et à ce jour, nous avons donné plus de vaccins aux pays les plus pauvres que ce que nous avions promis ».
HERA existe. Le Directeur général de la nouvelle Autorité européenne de préparation et de réaction en cas d'urgence sanitaire (HERA) a enfin indiqué que le premier programme de travail, doté de plus d’un milliard d’euros en 2022, serait adopté « d’ici deux semaines. La Covid-19 est la septième crise sanitaire que nous connaissons au cours de ce siècle. Nous devons nous préparer ensemble. Les Etats-Unis disposaient du Biomedical Advanced Research and Development Authority (Barda) qui leur a permis d’intervenir rapidement. L’Europe possède aujourd’hui une structure équivalente pour se préparer aux prochaines crises et identifier les futures menaces ».