"Repenser le roseau pansant... vers un hôpital durable", c'est autour de cette jolie formule à la résonnance pascalienne que se sont déroulées les 29es Journées de l'Association des directrices et directeurs d'hôpital (ADH), les 14 et 15 octobre à Paris. L'occasion de fêter ses 60 ans et de poser les jalons de l'hôpital public de demain. Un hôpital en prise avec la réalité des territoires et la responsabilité environnementale.
«Rendre l'hôpital durable, c'est d'abord tout naturellement inscrire l'hôpital dans une démarche de protection de l'environnement comme de celle de ses usagers et de ses soignants. Mais c'est aussi faire que cet écosystème évolue et perdure». Ainsi Vincent Prévoteau, président de l'ADH a-t-il, sur ce double défi, donné le coup d'envoi de ces 29es Journées. Il a dès lors invité les participants à «repenser ce roseau pansant». Un roseau qui selon lui a prouvé encore une fois, face à la crise du COVID, «qu'il plie mais ne rompt pas», en dépit de sa «fragilité». Et de suggérer au bout de la métaphore d'éviter de le «piétiner». Il appelle, en d'autres termes, à «respecter chaque femme et chaque homme qui compose l'hôpital comme chaque pièce de l'édifice». L'allusion est directe à l'agressivité et aux menaces subies ces derniers mois par les responsables hospitaliers dans les remous de la campagne vaccinale et leur représentant affirme sa confiance en les pouvoirs publics pour que «des mesures soient prises».
« Redonner aux hospitaliers la capacité d'innover et d'agir»
« Repenser le roseau pansant", c'est aussi entretenir sa souplesse, estime le président de l'ADH. A savoir sa capacité d'adaptation, son agilité et sa réactivité face aux exigences du terrain». Et il souligne à cet effet les enseignements de la crise et les avancées du Ségur, en termes de budget, de simplification administrative et décisionnelle, qui posent les jalons de la route à suivre «pour redonner aux hospitaliers la force, la vigueur, la capacité d'innover et d'agir». Vincent Prévoteau se félicite, à l'heure des 60 ans de l'ADH, que la transmission de ces valeurs se poursuive à travers l'adhésion de ses1200 membres et que l'association reste «un laboratoire d'idées pour défendre, faire vivre et persévérer l'hôpital public».
Et de fait, ces journées se sont montrées un lieu de réflexion et d'échanges, de retours d'expériences de témoignages, et de pistes d'amélioration pour rendre l’hôpital davantage écoresponsable. Les enjeux environnementaux interpellent sans conteste les dirigeants hospitaliers et leurs successeurs en herbe.
De la réfléxion globale aux actions locales
Pour Laurent Chambaud, directeur de l'Ecole des hautes études en santé publique (EHESP) : «Les établissements de santé doivent jouer un rôle d'éclaireurs en termes de développement durable». Mais si la prise de conscience est déjà prégnante au sein des élèves directeurs d'hôpital, la difficulté reste, selon lui, de mettre en action cette démarche écoresponsable dans leur future vie professionnelle. «Face aux enjeux planétaires et à la transformation inéluctable des besoins en santé, notre système de soin doit évoluer avec plus de souplesse et de responsabilité populationnelle, et faire en sorte que la santé soit dans toutes les politiques. Pour les responsables hospitaliers, cette réflexion globale doit pouvoir se concrétiser en actions locales, avec la capacité et les moyens d"innovation nécessaires».
Réduire la consommation energétique et l'empreinte carbone, rationaliser les équipements, renforcer l'écodurabilité des bâtiments mais aussi adopter à tous les niveaux de l'hôpital un comportement écoresponsable : pour Olivier Véran, la contribution de chacun est essentielle. Objectif : réduire la consommation énergétique de 60% d'ici 2050. «Le défi est immense, historique et nous devons réussir», affirme le ministre de la Santé.