Lors de l’inauguration du salon Santexpo ce 17 mai, Frédéric Valletoux, Président de la Fédération hospitalière de France (FHF), a rappelé les faiblesses de notre système de santé ainsi que les enjeux auxquels devra répondre le futur ministre de la Santé.
Frédéric Valletoux a concentré son propos sur trois faiblesses de notre système de santé : l’espérance de vie en bonne santé, qui est inférieure en France de 3 à 5 ans par rapport à nos voisins italiens, espagnols ou irlandais ; le sous-financement et le mal-financement du système de santé, plus de 10 milliards d'euros d’économies ayant été demandées aux hôpitaux en 17 ans ; et une mauvaise organisation à l’échelle des territoires. « Sans accélération de nos transformations, sans changement de modèle, ces faiblesses deviendront des handicaps immenses ces prochaines années. Le vieillissement de la population, l’explosion des pathologies chroniques et la menace pandémique n’attendront pas », a-t-il déclaré. Dès lors, le message au nouveau Gouvernement est clair : « l’heure n’est plus aux analyses et aux diagnostics mais aux mesures rapides, fortes, profondes et durables ». Evoquant les décisions « qui s’imposent sans délai », Frédéric Valletoux a cité la préservation de l’accès aux soins pour tous, à toute heure. « La plupart des établissements de santé et médico-sociaux publics font face à une situation critique en matière d’effectifs soignants ou médicaux. Le taux d’absentéisme est plus élevé qu’avant la crise, les difficultés à recruter sont fortes, l’intérim et ses dérives battent leur plein, et des tensions majeures existent sur les spécialités médicales assujetties aux gardes et astreintes », a t-il alerté.
Permanence des soins
Au-delà de la situation quotidienne de crise, il a également déploré l’explosion des passages aux urgences depuis plusieurs décennies, en parallèle d’une érosion de l’offre de premier recours, une démographie des médecins par territoire non conforme aux priorités voire aux urgences de santé publique, ou encore les inégalités en termes d’obligations « qui pèsent sur les acteurs rémunérés par les cotisations sociales obligatoires. Ainsi, les professionnels des hôpitaux publics doivent assumer la permanence des soins, répondre à une obligation de gardes et astreintes, et assumer un poids toujours plus grand dans les soins non programmés. Dans le même temps, j’observe que deux réalités cohabitent chez les médecins libéraux. Il y a les 40% de médecins généralistes qui participent aux gardes, qui acceptent que le non programmé fasse partie de leur exercice et prennent plus que leur part et, en même temps, une autre partie de la profession, 60%, ne participe pas aux gardes ».
Les urgences du gouvernement
Frédéric Valletoux demande donc à court terme le déploiement de plans de continuité des soins territoriaux "par une mobilisation effective de tous les établissements et cliniques et avec la ville", la revalorisation immédiate et forte des rémunérations des gardes et astreinte ainsi que celle des indemnités de nuit et de week-ends, et un pilotage fort des ARS, "seules en capacité d’assurer un équilibre dans la mobilisation des secteurs public et privé, entre la médecine de ville et l’hôpital, sur le plan des déprogrammations ou des départs en congés par exemple."
Dans l’attente de l’organisation de la conférence des parties prenantes sur l’accès aux soins promise par le Président de la République, Frédéric Valletoux a aussi plaidé pour une mise en œuvre sans délai de la loi sur le Grand Âge et un cadre pluriannuel pour la santé, "qui déploie les chantiers urgents et sécurise les financements".
« Après deux ans d’une pandémie totalement inédite dans notre histoire contemporaine, il était finalement logique d’évoquer la question de l’Europe de la santé, tant nous avons vu émerger, comme jamais, les germes d’un esprit de communauté. Cette crise nous a donné l’occasion de voir naître à l’échelle européenne une réponse exceptionnelle et coordonnée à un risque global. Face à la crise, l’Europe s’est coalisée au service de la protection de ses citoyens », a souligné Frédéric Valletoux. Le Président de la FHF a appelé à « redoubler d’énergie pour renforcer nos capacités européennes en matière de recherche, pour consolider notre appareil industriel et la filière du médicament ».